Cinespana 2012: le bilan
Le rideau est tombé dimanche dernier sur le 17e Festival du Film Espagnol de Toulouse. Comme je vous l'avais dit ici, j'ai rejoint la joyeuse équipe des bénévoles pour vivre l'évènement de l'intérieur. Petit bilan d'une expérience qui s'est révélée très positive!
- L'ambiance: festive, comme on peut le supposer quand on parle d'une manifestation qui met à l'honneur l'Espagne!
- La météo: estivale! Après un premier week-end pluvieux, le soleil est vite revenu et a réchauffé la cour de la Cinémathèque pendant toute la semaine.
- Les films vus:
Je les ai classés par ordre de préférence.
- Operacion E (avant-première), de Miguel Courtois, avec Luis Tosar - Sortie en salles le 28 novembre 2012
L'histoire: Colombie, décembre 2007. Le monde entier attend la libération de deux otages des FARC, Clara Rojas et son fils Emmanuel né en captivité. Or quelques années plus tôt, le bébé a été confié de force par la guérilla à un pauvre paysan, José Crisanto. Le film raconte l’incroyable et bouleversante histoire de cet homme et de sa famille dont la vie va se transformer en tragique périple (source: allocine.fr).
Je suis contente d'avoir pu voir ce film dans lequel Miguel Courtois nous montre l'envers du décor concernant les premières années d'Emmanuel. Le pauvre paysan qui l'a élevé la première année a été relâché après 6 ans de détention et le film est dédié à toutes les victimes de ces conflits en Colombie. Je vous le conseille vivement à sa sortie!
© EuropaCorp Distribution
- Las ojos de la guerra, de Roberto Lozano Bruna (2011): un documentaire sur les reporters de guerre qui m'a beaucoup intéressée! A travers plusieurs séquences alternant films sur le terrain et interviews en studio, plusieurs professionnels espagnols expliquent pourquoi et comment ils font ce métier. L'un d'entre eux raconte notamment comment ses motivations de reporter de guerre ont changé avec l'âge: "A 20 ans, j'étais reporter de guerre pour l'aventure. A 30 ans, je cherchais simplement à bien faire mon métier. A 40 ans, je le faisais avec l'envie d'aider. Et à 50 ans, je me demande bien ce que je faisais encore là-bas!"
On voit que le métier a beaucoup évolué au fil des années, les grandes chaînes de télévision ne demandant plus la même chose à leurs envoyés spéciaux (quand ils en ont!) aujourd'hui. A l'ère de l'immédiateté, comment prendre du recul par rapport à l'information qu'ils transmettent? Et comment rester critiques par rapport aux troupes qui les encadrent et grâce à qui ils restent en vie? Un reporter confiait également avoir été très déstabilisé en constatant que les talibans qu'il avait interviewé lui ressemblaient finalement plus que ce qu'il aurait pensé... Certaines images sont assez dures, ce qui n'est pas étonnant étant donné le sujet abordé. Mais pour ceux que ça intéresse, voilà des témoignages qui incitent à la réflexion.
- Ne dis rien, d'Icíar Bollaín (2004)
L'histoire: Par une nuit d'hiver, une jeune femme, Pilar, s'enfuit de chez elle en emmenant son fils. Antonio, son mari, la poursuit, veut la ramener à la maison, lui promet de changer, de ne plus être violent. Rien n'y fait, Pilar a pris sa décision. Il va alors tenter de la reconquérir et de maîtriser ses accès de colère qui immanquablement débouchent sur de la violence physique. Thérapie de groupe, retour sur soi, Antonio veut guérir. Mais pendant ce temps, Pilar va trouver loin de son époux un nouveau sens à sa vie (source: allocine.fr).
"Ne dis rien" a rencontré un énorme succès en Espagne lors de sa sortie. C'était la première fois que la violence conjugale était ainsi abordée par le biais de la fiction. Cette forme de violence est un phénomène social qui frappe l'Espagne plus que tout autre pays européen. Le film a reçu une multitude de récompenses aux Goyas 2004: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleures Interprétations Masculine et Féminine pour Laia Marull et Luis Tosar, Meilleur Second Rôle Féminin et Meilleur Scénario Original.
J'ai trouvé que c'était un bon film, qui permet de confronter à la fois le point de vue de la femme battue et de son mari violent et qui nous amène à les comprendre l'un et l'autre. Par contre j'ai préféré l'actrice qui interprétait Ana, la soeur de Pilar, à l'actrice principale!
© Haut et Court
- Madrid, 1987 de David Trueba (2011) - Date de sortie inconnue en France
L'histoire: Portrait de la "transition" en Espagne, vue à travers la relation entre un écrivain sceptique et une jeune étudiante qui tente de l'interviewer (source: allocine.fr).
J'étais curieuse de voir ce film dont la majeure partie se déroule dans une salle de bain, et bien m'en a pris car il m'a bien plu! Le face à face entre un célèbre chroniqueur en fin de carrière et une jeune et jolie étudiante en journalisme laisse entrevoir deux visions différentes de l'Espagne, du travail d'écriture, du sexe et du temps qui passe. "Madrid, 1987" a été nommé plusieurs fois au Festival de Sundance 2012.
- Miel de naranjas (avant-première),d'Imanol Uribe (2012) - Date de sortie prochaine en France
L'histoire: dans l’Andalousie des années 1950, Enrique et Carmen viennent de se rencontrer. Follement amoureuse, Carmen parvient à faire affecter son fiancé au palais de justice de la ville pour qu’il y effectue son service militaire. Enrique devient alors le témoin d’injustices quotidiennes et comprend qu’il va devoir agir pour changer les choses. Il se retrouve bientôt engagé dans des situations dangereuses qui vont mettre sa vie en danger ainsi que celles de ses proches (source: cinespagnolcom).
Miel d'orange: quel joli titre pour un film, vous ne trouvez pas? L'histoire est pourtant assez dure puisqu'elle se passe sous la dictature franquiste des années 50, en Andalousie. Que dire de plus? J'ai regardé ce film avec intérêt mais il ne me laissera pas un grand souvenir car il reste très académique. Il manquait "le petit truc en plus", comme on dit...
- El muerto y ser feliz (avant-première), de Javier Rebollo (2012) - Date de sortie prochaine en France
L'histoire: un tueur à gage est sur le point de s’éteindre dans un hôpital de Buenos Aires. Prenant conscience du peu de temps qu’il lui reste, il décide de s’échapper et entreprend une fuite vers le nord à travers l’Argentine. Habitué au voisinage constant de la mort, il avance tranquillement vers elle, voyageant sur les routes secondaires, «dans une longue errance qui tient beaucoup des romans de chevalerie», selon le réalisateur du film (source: cinespagnolcom).
Voilà le film qui a remporté la Violette d'Or, le prix décerné par le jury de Cinespana présidé cette année par Agnès Jaoui. Et pourtant c'est le film vu que j'ai le moins aimé, j'ai l'impression d'être passée complètement à côté! J'ai trouvé le temps long et l'histoire ne m'a tout simplement pas touchée. On y retrouve José Sacristan, l'acteur principal qui jouait également dans "Madrid, 1987", et Roxanna Blanco, qui a reçu le prix de la meilleure interprétation féminine.
- Le palmarès:
VIOLETTE D’OR: El Muerto y ser Feliz de Javier Rebollo
MEILLEUR PREMIER FILM + PRIX DU PUBLIC: Seis puntos sobre Emma de Roberto Pérez Toledo
MEILLEUR DOCUMENTAIRE: Mejunje de Juan Manuel Gamazo
PRIX DU MEILLEUR COURT-METRAGE: Zeinek Gehiago Iraun (Celui qui tient le plus longtemps) de Gregorio Muro
MEILLEURE INTERPRETATION FEMININE: Roxanna Blanco pour le film El Muerto y ser Feliz de Javier Rebollo
MEILLEURE INTERPRETATION MASCULINE: Antonio Dechent pour le film A puerta fría de Xavi Puebla
MEILLEURE PHOTOGRAPHIE: Migue Amoedo pour le film De tu ventana a la mía de Paula Ortiz
MEILLEUR SCENARIO: Jesús Gil Vilda et Xavi Puebla pour le film A puerta fría de Xavi Puebla
MEILLEURE MUSIQUE: Pablo Cervantes pour le film Els nens salvatges de Patricia Ferreira
- Plus d'infos:
Sur le site www.cinespagnol.com ou le blog www.journalcinespagnol.com
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Et voilà! Cinespana 2012, c'est fini... Rendez-vous l'année prochaine!
Et n'oubliez pas que vous pouvez jouer ici jusqu'à samedi pour remporter des places de cinéma!